Pourquoi?

Pour Elle, tout simplement. Et tout ses visages. Pour ses filles également, toutes les femmes, sans exception. Parce que le sacerdoce au féminin ça existe, et depuis toujours. Parce que le divin au féminin, ça existe aussi depuis toujours. Parce que l'équilibre, c'est mieux qu'un dieu mâle solitaire. Parce que nous avons nous aussi besoin de nous reconnaître dans des déités, et qu'Elle nous offre tout la richesse de ses visages au travers de toutes les cultures. Ce, depuis l'aube des temps. Ici, il y a matière à nourrir le culte du Féminin Sacré.

Bon appétit et bonne lecture!

vendredi 8 janvier 2010

Pax

Personnification de la Paix




Pax est une déesse romaine, pendant sororal de la déesse grecque Eireen (Irène), dont elle est l’équivalent latin. Elle est, comme beaucoup de déesse, passé au second plan, voir, à l’oubli. En effet, si nous recherchons la sérénité, nous nous tournerons beaucoup vers des déesses aux visages connus. Parmi les plus populaires; Tara Blanche, Kwan Yin, Vesta (déesse romaine; sérénité religieuse), Marie (mère de Jésus; catholicisme), Bona Dea, Adsullata (déesse celte; apaisante déesse élémentaire et esprit divin de rivière), Arianrhod (déesse celte majeure; son chemin de vie mène à la paix en soi). Pour ne nommer que celles-là!


Pax n’est pas une déesse très connue et son culte n’est plus très vivant, ni répandu. Pourtant, elle vaut un coup d’œil, elle vaut qu’on s’attarde. Elle personnifie la paix pour les romains. Elle fut leur « Dame de la Paix ». Augustus (né Octave et premier empereur romain) avait une affection particulière pour cette déesse, dont il prisait particulièrement les faveurs et dont il prêchait les valeurs. Un autre empereur Romain, Vespasien, lui dédia le fameux Temple de la Paix.


Plusieurs choses intéressantes ressortent de tout ce qui entoure cette déesse. Ne serait-ce que dans sa présence dans la culture romaine, une culture si guerrière, soldatesque et conquérante. Il est dit, qu’à l’origine, Pax faisait partie des « di indigetes ». Il s’agit des « premières déités » ou des esprits des dieux. Alors que les romaines avaient des pratiques religieuses plutôt basés sur des croyances et pratiques animistes et que ces divinités étaient surtout des concepts et des esprits divins. Une pratique mettant l’accent sur une dévotion spirituelle intérieure (personnelle à soi, mais aussi dans le sens intérieur des foyers) alors qu’il n’y avait aucun clergé organisé. Alors que la foi était affaire intime et que les prières et les offrandes étaient scrupuleusement respectées. Peu des divinités de cette époque furent élues au rang des divinités majeures que nous connaissons aujourd’hui. Pax fut élevée parmi les « grands », mais elle demeure à l’écart et discrète malgré tout. Il y a plusieurs raisons à cela. La plus évidente, est qu’elle fut surtout utilisée et non pas tant priée et aimée. Elle était un idéal, reflétait un message, parfois un espoir, parfois revêtait les habits d’excuses et d’aspirations au pardon, à la paix et à la rédemption du peuple romain. Certains empereurs romains, pour se faire pardonner leurs coups d’éclats sanglants, pour faire oublier la férocité de leurs actes et de leur conquête, l’érigeait en exemple, la priait, la louangeait et la prisait.

Pour cela, Pax ne passa pas à l’histoire comme une déesse majeure mais comme un symbole. Comment la fille de Jupiter, roi des dieux et des cieux, dieu de la justice, et déesse d’un peuple ambitieux et guerrier, pouvait-elle faire autrement? Que de glisser derrière tous les dieux guerriers, et les déesses chaleureuses et fertiles des foyers? Le peuple qui la portait aux nues, étaient un peuple guerrier et comme tel, aspirait à la paix, mais n’en était pas véritablement porteur. Elle était en somme, si on veut, leur bonne conscience, celle qui leur permettait de mieux dormir malgré tout les assauts et les drames perpétrés. À ce peuple aussi brillant que sanglant, elle était celle qui apportait la rédemption psychique et symbolique, elle était la rédemptrice invisible qui absout les fautes de sangs, et l’ambition aux mains maculées de sang. Dans une culture ou la gouvernance masculine était aussi loi, elle se faisait petite, passant derrière beaucoup de dieux viriles représentant les valeurs et les attributs loués par les romains.

Sa présence est donc discrète, et son rôle, invisible à l’œil nu. Comme toujours, pour les visages de la déesse, il faut creuse, persister et chercher, afin de trouver et de rencontrer.

On lui a fait honneur d’un temple, on lui a fait honneur de son profile sur des pièces de monnaie. Auguste notamment, la fit représenter sur des pièces de monnaie, pour symboliser une renouvellement et un retour à la paix et à l’abondance. Ambassadrice de la paix, elle la personnifiait, mais de manière à être assimilée à la paix elle-même, ses espoirs, son salut, ses vertus. Auguste en faisait une dame qui effacerait toutes les guerres et manigances sanglantes, la cristallisant comme un visage de la paix désirée, que les romains étaient désireux d’atteindre. Elle était emblème donc de leurs aspirations, de leurs consciences souillées de beaucoup de sang. Par elle, ils acquéraient paix d’esprit et accédaient à une image et des idéaux auxquels ils aspiraient tout en ayant du mal à les rencontrer. Un peuple fort et brillant, se réfugiant derrière la superbe et l’aura d’une déesse de paix. Derrière la déesse qui incarnait LA paix.

Le nom même de la déesse était répandu, confondu et utilisé à outrance. Il devient fin de faire la différence et de retracer l’association à la Paix, ou à la Déesse Pax. La référence est souvent à la déesse, ou aux deux à la fois; Paix et Déesse Pax. Plusieurs empereurs romains se sont emparés de son nom, l’associant à leur devise. Comme si cela allait les protéger et les absoudre, qui sait? Peuple fier et conquérant, il croyait sans doute vraiment répandre la paix, en ayant conquis le monde et à le plier à son joug et ses mœurs! Pax était la déesse de ce peuple là, et le symbole de leurs aspirations, peu importe les moyens qu’ils empruntaient. Ainsi que la déesse qui les lavait de leurs mauvaises consciences et qui jouait le rôle de leur bonne conscience.

Sans doute certains l’aimèrent-ils vraiment, mais beaucoup firent usage de son image, sans plus. Ce qui explique qu’elle soit répandue, mais peu connue, déesse de second ordre ayant son nom répandu cependant comme pas un. Emblème, image, symbole, visage des aspirations; elle fut utilisée, mais rarement reconnue et aimée. Son aura était plus prisée, que sa présence elle-même. Pourrait-on résumer cela par « soit belle et tais-toi? » À un certain point, oui, sans doute, mais je laisse cela à chacun et chacune, sachant très bien que tout n’est pas si simple. Que chaque médaille à deux faces, deux revers.

En résumé, elle est une déesse discrète à la présence effacée mais incontournable, ne serait-ce qu’à cause de son nom fort prisé et répandu dans la culture romaine. Pour les romains, elle personnifiait la paix, comme un flambeau de paix. Au fond, elle l’incarne; la paix, c’est Elle. Celle dont on usait du nom pour couvrir la fameuse « paix imposée par l’Empereur de Rome » ne se limitait pas à l’usage qu’en faisaient les hommes; que ce soit usage noble ou non.

Aspect physique et matériel
Il est toujours très drôle de parler d’aspect physique quand on évoque les déités, si immatérielles. Invisibles même si présentes. Pax elle, était décrite par ses adeptes et partisans romains, comme une jeune femme tenant une corne d’abondance dans une main et une branche d’olivier dans l’autre. On lui associait aussi le port d’un sceptre. La fille de Jupiter et Iustitia (Justitia) dit-on, portait la corne d’abondance dans sa main gauche et la branche d’olivier (ou le bâton/sceptre du dieu Hermès, selon certaines versions et représentations d’elle) dans sa main droite. Elle était aussi représentée parfois, brûlant des piles de bras (symbolisant qu’elle s’imposait face à la guerre, qu’elle annihilait et stoppait) ou on la représentait aussi tenant un épis de maïs ou le brandissant au-dessus de sa tête (symbolisant son rôle/sa face de rédemptrice et sauveuse/salvatrice, qui protège, régénère, apaise, nourrie et offre rédemption salvatrice mettant fin aux guerres et famines). Les symboles qui lui sont rattachés et connus, témoignent de son importance en dépit de la petitesse de sa place parmi les déités romaines connues. Elle fut aussi représentée un épis de maïs dans la main gauche et un sceptre dans la main droite.

Culte et temple


Déesse de la Paix, qu’elle offrait aux hommes, elle était aussi associée à la saison du printemps et un festival lui était dédié en date du trois janvier, en son honneur.

On la célèbre aussi le 30 mars, jour de célébration de la bonne entente, de la santé et de la paix. Jour où on la célèbre conjointement avec d’autres dieux parfois.

Son culte fut reconnu sous le règne d’Augustus, qui prisa beaucoup cette déesse et ses attributs. On peut ainsi dire qu’il la mit au goût du jour et qu’il lui offrit sa place parmi les dieux importants, la sortant du rang des « di indigetes ». Il la favorisait pour symboliser un changement de cap et faire oublier guerres et intrigues sanglantes et troubles. Lui vouant néanmoins un sincère attachement, selon certaines sources.

Augustus lui fit érigé un sanctuaire mineur, Ara Pacis (Autel de la Paix ou Autel de la Paix d’Augustus). C’était en l’An 8 du calendrier julien, et l’Ara Pacis était érigé sur le Champ de Mars (Campus Martius).

C’est en 75, que Vespasien, autre empereur romain, soucieux de faire oublier les guerres, voulant asseoir son pouvoir et affiché ses valeurs, lui fera construire un temple, ainsi qu’un forum qui porta son nom. Un temple construit sur le site du « Marché à la Viande ». C’est aussi lui qui fit construire le Forum Pacis (Forum de la Paix), troisième de forums impériaux. Concernant le Temple de la Paix, on dit qu’il avait des dimensions d’environ 34 X 22m et qu’il contenait les trésors récupérés lors de la prise du Temple de Salomon à Jérusalem. On y entreposait aussi des œuvres d’art. Dans le Temple de la Paix se trouvait aussi la Bibliothèque de la Paix, où se trouvaient entreposés les archives de la préfecture urbaine, les plans cadastraux et les divers trésors littéraires rapportés par Vespasien de Jérusalem, ainsi qu’une série de documents concernant les travaux édilitaires réalisés notamment sous Vespasien et Septime Sévère. On y trouvait aussi des travaux célèbres d’artistes grecs (peintres et sculpteurs). On en dit qu’il était aussi riche qu’un musée.

Ce magnifique temple fut détruit par un incendit sous le règne de l’Empereur Commode. Comme le relate Hérodien dans Histoire romaine, livre I : « Le feu prit au temple de la Paix ... C'était un des plus beaux et des plus somptueux édifices de Rome ; il était orné et enrichi d'offrandes d'or et d'argent que la piété de nos ancêtres y avait consacrées. Comme ce lieu était fort sûr, chacun y mettait en dépôt tout ce qu'il avait de plus précieux ; ainsi en une seule nuit le feu ruina un grand nombre de familles, et presque tout le monde, avec le malheur public, eut à pleurer ses pertes particulières. La flamme, après avoir réduit en cendres ce superbe bâtiment, gagna plus loin et brûla plusieurs autres temples. (...) Ainsi l'on crut qu'il n'y avait rien de naturel dans cet accident ; tout le monde disait que les dieux qui avaient fait commencer l'incendie avaient pu seuls en arrêter le cours ; d'autres ajoutaient que la ruine du temple de la Paix était un présage infaillible de quelque guerre dont l'empire était menacé : ce pronostic ne se trouva que trop vrai, comme on le verra dans la suite de cette histoire. »

Les outils de Pax



Il s’agit des outils que cette belle déesse offre aux prêtresses et femmes contemporaines. Pax a deux aspects intéressants avec lesquels travailler ou desquels s’inspirer. Pax est une déesse de la paix issue d’un peuple fort. Comme telle, elle prend en charge et elle est solide. On peut très bien se tourner vers elle, faire appel à elle quand, ne sachant plus « à quel saint de vouer » on est à bout de nerfs, de souffle et de ressource. Quand il est temps, sans renoncer ou baisser les bras, de lâcher-prise. Quand il est temps de laisser agir et de laisser venir les réponses et la paix. C’est pax qui est tout indiquée dans des cas comme ceux-là. Matrone de la Paix, elle se chargera d’accompagner, soutenir et guider, de manière incroyable.

L’autre aspect très fort et intéressant de Pax, est sa force face à la guerre ou à la guerre. Elle brûle littéralement les guerres ou la guerre, pour l’éradiquer et semer la paix fertile ensuite. Elle rase la guerre, la repousse. Elle l’englobe, l’avale, l’assimile et en alchimiste, par le feu sacré, transmute le tout en paix. Elle nous enseigne là quelque chose d’important et peu inspirer plusieurs belles démarches fertiles, positives et constructives. Par le feu, tout est purifié. La colère est un feu, dont on peu sortir plus pure et vraie. Il suffit de ne pas la laisser nous consumer, et d’en garder le contrôle pour qu’elle soit fertile et libératrice. Il faut laisser libre cours à la colère et sans la museler, la contrôler et « guider sa sortie ». C’est un art, et par cet art, on apprend à voir plus clair en soi et en nos colères. Et la maîtresse de cet art menant à la paix intérieure et nulle autre que Pax.

Dans le même esprit, elle est celle qui nous enseigne à se pardonner et à brûler nos culpabilités pour les transformer et atteindre la paix.

Elle est aussi celle qui aide dans une démarche où il faut cesser les conflits qui gonflent et trancher net les sources de conflits et autres guéguerres. Elle est forte, efficace et guide avec patience et précision. Elle ne tergiverse pas, elle est action, tout en visant toujours la paix. La paix en soi, autour de soi et quand on veut la paix. Quand l’on désire la tranquillité d’esprit et que l’on souhaite éloigner les esprits négatifs et les personnalités parasites, elle agit aussi très bien et pour l’intérêt de chacun, mais de manière nette et franche. La coupure est nette et la paix est issue de terre fertile bien nettoyée (feu) des impuretés nécrosantes qui pourrait miner. Miner le moral, miner les rapports.

Elle est très enveloppante, rassurante, rassérénante, que solide, intègre, forte et franche. Elle est paix sereine, sans arrière-pensée, sans négativité. Elle est paix, tout simplement. Elle repousse la guerre et les conflits de soi et les englobe, les brûle, le transforme, nous enseignant sa méthode et sa « médecine » au passage. Elle prend en charge mais donne un exemple puissant dont on peut s’inspirer pour les « prochaines fois ». Elle berce de sérénité, et enseigne le moyen d’y parvenir.

Sa devise et son mantra :

« Dona nobis pacem. »

« Gratifie-nous de la paix. »



Formule ô combien simple, mais efficace. Qui combine la prière, la demande et la révérence.

En conclusion, Pax est une déesse qui mérite d’être connue, et reconnue.




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