Pourquoi?

Pour Elle, tout simplement. Et tout ses visages. Pour ses filles également, toutes les femmes, sans exception. Parce que le sacerdoce au féminin ça existe, et depuis toujours. Parce que le divin au féminin, ça existe aussi depuis toujours. Parce que l'équilibre, c'est mieux qu'un dieu mâle solitaire. Parce que nous avons nous aussi besoin de nous reconnaître dans des déités, et qu'Elle nous offre tout la richesse de ses visages au travers de toutes les cultures. Ce, depuis l'aube des temps. Ici, il y a matière à nourrir le culte du Féminin Sacré.

Bon appétit et bonne lecture!

vendredi 8 janvier 2010

Holda



Déesse de l’Hiver et Froide Mère


Holda est une déesse issue des Mystères du Nord. Pas aussi connue que Freya ou les Valkyries elle jouit quand même d’une certaine réputation. C’est la déesse qui coud les destinées, comme les femmes du nord qui pouvaient être fortes mais aussi maîtresses de leur foyer. Qui tissait puis cousait pour leurs familles qui vivaient dans les beaux pays froid des vikings. Dans le geste ordinaire de coudre et tisser pour leur famille se trouve l’écho de la déesse Holda. Les femmes tissaient du linge pour habiller leurs familles, les femmes cimentaient leurs familles. Les femmes se réunissaient aussi en plus pour tisser et coudre ensemble. Une activité féminine qui rejoint le thème de couseuse et tisseuse que porte Holda. Holda qui coud les destins des hommes et des femmes ensembles, reliant tout en un morceau. Holda la fileuse/tisseuse. C’est la même qui préside à la naissance. Elle protège aussi les animaux domestiques, qui sont ses envoyés, ses complices chez les humains. Elle est reliée à tout ce qui touche à l’univers du foyer. Les femmes pouvaient s’identifier à elle et elle leur était sans doute une belle source d’inspiration. En tant que fileuse/tisseuse, le rouet est un de ses plus forts symboles.

C’est elle qui coud les mondes ensemble, qui est capable de passer et de voir dans toutes les mondes. Elle passe pour être la créatrice de la technique du tissage du lin qu’elle à enseigner aux femmes. Pour que les femmes avec ce geste là, perpétuent sa symbolique et habillent leurs familles et puissent subvenir à leurs besoin.

C’est une déesse qui est bonne pour les gens travaillants et vaillants. Elle récompense ceux qui en arrache et qui mettent le cœur à leur ouvrage. Par contre, elle est dure avec les paresseux et les profiteurs. Elle punit les paresseux en gâchant leur ouvrage pour qu’ils soient obligés de recommencer tout. Elle accompagne bien par exemple, les femmes qui triment bien dur pour rapporter de quoi manger à leur famille. Pareil pour les hommes. Pour les hommes et les femmes qui travaillent dur, elle ne défera pas l’ouvrage pour les obliger à tout recommencer. Elle va même finir leur ouvrage pendant leur sommeil.

On la fête de façon habituelle la veille de Noël (le 24 décembre) , de là vient la coutume de devoir finir tout les travaux de tissage pour la veille de Noël. Par la suite, les nouveaux ouvrages qui symbolisent les nouveaux débuts recommencent à la fin d’une période sacrée de 12 jours. Les fameux 12 jours de Noël traditionnels dans les pays nordiques. C’est que, lorsque la veille de Noël arrive, on dit que la nouvelle année comptera autant de beaux jours que l’on compte d’ouvrages terminés. Puis la nouvelle année comptera aussi autant de mauvais jours que d’ouvrages non terminés. C’est Holda qui s’en assure pendant sa ronde pour vérifier les ouvrages. Des fois on parle de bons puis mauvais jours, d’autres fois on parle d’années et de mauvaises années.

De manière contemporaine, il est possible d’entreprendre des travaux artistiques et créatifs (encore mieux si ce sont des travaux de broderie, tissage, tricotage) à tout les ans. Dans le but de commencer un ouvrage (ou un projet) et de le terminer avant la fameuse date. Une belle manière de célébrer Holda et de marquer la fin d’un cycle, et le début d’un autre. De plus, cela peut-être une belle manière de fabriquer des cadeaux pour la période des fêtes, faits main.

Holda gouverne la routine domestique qu’on attribue aux femmes, mais est aussi associée à la vie hors foyer. À dehors, à la nature hivernale, à la vie sauvage. Holda aime même à fréquenter et visiter les endroits oubliés et isolés des villes et des hommes. On dit que quand il neige c’est Holda qui secoue ses taies d’oreillers pleines de plumes. Elle est donc profondément liée et associée à l’hiver, au climat et à la température de l’hiver, et puis bien sûr, à la neige. La brume dit-on, c’est la fumée de son feu de foyer en hiver, le tonnerre c’est le bruit qu’elle fait en faisant ses ouvrages au rouet.

Holda, comme beaucoup de déesse, n’a pas qu’un seul visage; elle en possède deux. Dans un premier temps, elle a une apparence qui n’est pas sans rappeler celle de la légendaire Baba Yaga. Une physionomie de sorcière de conte pour enfants! Pas très jolie, plantureuse et âgée. Avec un regard dur, mais maternel cependant dans le cas de Holda. Holda a un regard sévère, comme une mère autoritaire, comme une matrone. Un visage de vieille femme, avec des dents croches et manquantes, un nez tordu. C’est sa face de sorcière et matrone du foyer. Sa face de vieille femme hiver. Elle a aussi un autre visage cependant, plus jeune et séduisant. Plus présentable. C’est alors celui de la jeune fille en blanc, vêtue d’une tenue d’un blanc scintillant comme la neige sur laquelle le soleil darde ses rayons. Comme un vêtement auquel sont fixés des glaçons brillant comment des diamants.
Il est souvent mentionné, qu’elle est pas mariée, qu’elle a pas d’enfants nés de son ventre, même si c’est la protectrice des jeunes enfants, et des femmes enceintes. C’est une espèce d’amazone des neiges, qui n’en est pas moins femme, et pas plus ignorante des femmes puis des enfants pour autant. Bien au contraire, elle leur consacre ses pouvoirs puis ses sphères divines. Elle est l’esprit généreux et bienveillant qui berce le berceau des enfants qui pleurent quand la mère vient juste de se rendormir. Elle est la propriétaire d’un bassin où les âmes des bébés nouveaux-nés entrent pour pénétrer dans notre monde. Beaucoup de fontaines et de bassins sont associés à elle au travers de l’Allemagne. Paraît-il qu’elle va se baigner dans certains d’entre eux, à midi. Il est dit qu’on la voit alors comme une belle jeune femme nue, blonde au teint très clair, qui disparaît rapidement en dessous de l’eau si on la regarde. Cela rappelle les nymphes grecques. Holda est parfois une nymphe des neiges. Les jeunes femmes ont pour coutume parfois, d’aller se baigner dans des bassins alpins dans l’espérance de devenir des mères fertiles et en santé.


Holda a son domaine dans une montagne ou elle a établit toute sa cour et ses sujets. C’est de là aussi qu’elle mène la Grande Chasse. On dit que Maître Eckhart le très pieux, se tenait assis au pied de cette montagne pour avertir les voyageurs de retourner d’où ils venaient. On dit même qu’il bravait le froid, et qu’il poursuivait les gens qui s’adonnaient à la Grande Chasse pour leur dire de retourner à leurs foyers, se mettre à l’abri de la tempête à venir. Holda, Dame du Nord de l’Allemagne, menait une bande de morts, alors que son équivalente au sud de l’Allemagne, Perchta, est décrite comme entourée des âmes d’enfants pas encore nés puis d’enfants morts-nés. Ça met en évidence la dualité de Holda qui a un pied chez les morts et un pied chez les vivants, et puis, qui protège autant les âmes qui rentrent que celles qui sortent de l’Autre-Monde.


C’est en partie ce qui vaut à cette déesse, sa réputation de sorcière. Comme de fait, elle est justement dite Matrone des Sorcières. Magie de femmes, magie de cuisine, magie d’ouvrages féminins. Elle représente bien les sorcières et, le folklore catholique en Allemagne s’est dépêché de la faire apparaître comme telle. Dans de vieux documents on l’associe à Diana Herodias, puis on prétend qu’elle volait avec d’autres sorcières dans les airs sur des balais. Pourquoi pas, quand on sait que le balai est tellement relier aux ouvrages domestiques, dont elle est matrone?

Sous son aspect Grande Sorcière, elle a été reconnue dès l’onzième siècle, comme meneuse des femmes, apparaissant comme l’esprit féminin de la nuit. Des groupes même se formaient et on les nommait les « Hulden de Holda ». Ces femmes là quittaient leurs maisons sous forme d’esprits pouvant passer sous les portes fermées en silence, laissant maris puis enfants endormis derrière elles dans leurs lits. Elles faisaient des voyages de longues distances à travers du ciel, pour assister et partager entre elles de grands festins ou pour se battre sous la pluie. Les fidèles de Holda savent donc sortir de leurs corps la nuit, sous forme d’esprit. Comme pas mal de déesses, elle à une facette plus claire et affable, et une plus sombre et sujette aux jugements. Sous son aspect le plus sombre, elle est la meneuse de la Chasse Sauvage. Aussi nommée chevauchée des puissances, que l’on appelle Heljagt en Allemagne. C’est elle la meneuse de la Horde Furieuse qui se pointe à Samhain, puis à Noël. Elle voyage la nuit, dans la longue nuit d’hiver. C’est la patronne des voyages par le biais des rêves, une maîtresse de la mort, de l’initiation, de la renaissance et du monde chtonien.


Comme de nombreuses déesses, elle a été cloîtrée dans un rôle folklorique de fée. Elle a même inspirer aux Frères Grimm, le conte Mother Hulda ( en allemand : Frau Holle). Elle est aussi très proche de la fameuse « Mère l’oie ». Au fond, sa part maternelle est très développée, car si on dit qu’elle n’a pas d’enfant, on dit aussi, qu’elle a pour enfant, tous les enfants mort-nés et les très jeunes enfants. Elle adopte et recueille les enfants décédés, ceux aussi dont on a pas voulu, et elle les nourrie, les élève et les aime. Elle est donc une terre-mère (du nord) atypique. Elle est cependant mère tout de même. Elle est bien sûr souvent maudite pour ses nombreux liens avec la mort, mais elle a plusieurs aspects positifs.
Pour ce qui est de la « Mère l’Oie » ce n’est pas chose folle que de voir un lien avec Holda. Surtout quand on sait qu’un de ses symboles est l’oie. L’oie qui est liée aux symboles de la chasse sauvage. Les vols d’oie qui apportent la neige en cristaux qui tombent de leurs plumes quand elles passent au-dessus de nos têtes. Leurs cris la nocturnes quand elles traversent la nuit lorsqu’elles migrent, qui ressemblent à des aboiements de chien. Les voyages des oies sauvages, comme Holda et ses sorcières qui volent dans la nuit. C’est elle aussi qui est Oie, messagère et monture pour les âmes des shamans de l’Arctique qui voyagent dans leurs visions dans les autres plans et autres mondes. C’est une guide puissante et initiatrice.


Célébrer Holda

L’hiver est un poème pour Holda, chaque jour en hiver on peut l’honorer, en commençant par le jour de la première neige. À Yule aussi. Tous les travaux ménagers; faire la couture ou la cuisine aussi, sont une manière de l’honorer.

Comme prêtresse ou praticienne, il est possible de lui consacrer un jour pour l’honorer, entre Noël et le Jour de l’An, chaque année. Ce jour-là on peut faire un grand ménage, pour recycler et donner ce dont on ne se sert plus et faire place à l’abondance de Noël et au cycle neuf de la Nouvelle Année. Faire en sorte que notre espace de vie soit propre et net pour franchir un nouveau cap, un nouveau cycle. Pour marquer la fin des attaches avec l’ancien cycle. Une maison propre est aussi une manière de faire plaisir à Holda, dame du balai et du foyer bien entretenu. En offrande également, un pain d’épice, une bougie rouge, une infusion de sureau. Gestes simples mais significatifs qui lui sont dédiés et liés.

On peut la fêter ou l’honorer comme une déesse maternelle, ou une déesse plus sombre, comme celles qui règnent sur le monde souterrain. Sorcière ou Fée, Holda est la figure de deux grands traits du féminin que toutes les femmes portent en elles.

Pour terminer, voilà une belle prière en son honneur :


Holy Holda
by Diane L. Paxson

Holy Holda, in the Heavens
A snowy featherbed you're shaking --
Bless the earth with your white blanket,
Moist the mantle you are making.
Holda high above come riding,
Your Wagon rolls through winter weather,
Turn away you face of terror,
Bless us as we bide together.
Holy Holda, here we gather,
Send us skill in all our spinning,
Huldrefolk to help in housework,
Wealth and health with you aid winning!




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Pax

Personnification de la Paix




Pax est une déesse romaine, pendant sororal de la déesse grecque Eireen (Irène), dont elle est l’équivalent latin. Elle est, comme beaucoup de déesse, passé au second plan, voir, à l’oubli. En effet, si nous recherchons la sérénité, nous nous tournerons beaucoup vers des déesses aux visages connus. Parmi les plus populaires; Tara Blanche, Kwan Yin, Vesta (déesse romaine; sérénité religieuse), Marie (mère de Jésus; catholicisme), Bona Dea, Adsullata (déesse celte; apaisante déesse élémentaire et esprit divin de rivière), Arianrhod (déesse celte majeure; son chemin de vie mène à la paix en soi). Pour ne nommer que celles-là!


Pax n’est pas une déesse très connue et son culte n’est plus très vivant, ni répandu. Pourtant, elle vaut un coup d’œil, elle vaut qu’on s’attarde. Elle personnifie la paix pour les romains. Elle fut leur « Dame de la Paix ». Augustus (né Octave et premier empereur romain) avait une affection particulière pour cette déesse, dont il prisait particulièrement les faveurs et dont il prêchait les valeurs. Un autre empereur Romain, Vespasien, lui dédia le fameux Temple de la Paix.


Plusieurs choses intéressantes ressortent de tout ce qui entoure cette déesse. Ne serait-ce que dans sa présence dans la culture romaine, une culture si guerrière, soldatesque et conquérante. Il est dit, qu’à l’origine, Pax faisait partie des « di indigetes ». Il s’agit des « premières déités » ou des esprits des dieux. Alors que les romaines avaient des pratiques religieuses plutôt basés sur des croyances et pratiques animistes et que ces divinités étaient surtout des concepts et des esprits divins. Une pratique mettant l’accent sur une dévotion spirituelle intérieure (personnelle à soi, mais aussi dans le sens intérieur des foyers) alors qu’il n’y avait aucun clergé organisé. Alors que la foi était affaire intime et que les prières et les offrandes étaient scrupuleusement respectées. Peu des divinités de cette époque furent élues au rang des divinités majeures que nous connaissons aujourd’hui. Pax fut élevée parmi les « grands », mais elle demeure à l’écart et discrète malgré tout. Il y a plusieurs raisons à cela. La plus évidente, est qu’elle fut surtout utilisée et non pas tant priée et aimée. Elle était un idéal, reflétait un message, parfois un espoir, parfois revêtait les habits d’excuses et d’aspirations au pardon, à la paix et à la rédemption du peuple romain. Certains empereurs romains, pour se faire pardonner leurs coups d’éclats sanglants, pour faire oublier la férocité de leurs actes et de leur conquête, l’érigeait en exemple, la priait, la louangeait et la prisait.

Pour cela, Pax ne passa pas à l’histoire comme une déesse majeure mais comme un symbole. Comment la fille de Jupiter, roi des dieux et des cieux, dieu de la justice, et déesse d’un peuple ambitieux et guerrier, pouvait-elle faire autrement? Que de glisser derrière tous les dieux guerriers, et les déesses chaleureuses et fertiles des foyers? Le peuple qui la portait aux nues, étaient un peuple guerrier et comme tel, aspirait à la paix, mais n’en était pas véritablement porteur. Elle était en somme, si on veut, leur bonne conscience, celle qui leur permettait de mieux dormir malgré tout les assauts et les drames perpétrés. À ce peuple aussi brillant que sanglant, elle était celle qui apportait la rédemption psychique et symbolique, elle était la rédemptrice invisible qui absout les fautes de sangs, et l’ambition aux mains maculées de sang. Dans une culture ou la gouvernance masculine était aussi loi, elle se faisait petite, passant derrière beaucoup de dieux viriles représentant les valeurs et les attributs loués par les romains.

Sa présence est donc discrète, et son rôle, invisible à l’œil nu. Comme toujours, pour les visages de la déesse, il faut creuse, persister et chercher, afin de trouver et de rencontrer.

On lui a fait honneur d’un temple, on lui a fait honneur de son profile sur des pièces de monnaie. Auguste notamment, la fit représenter sur des pièces de monnaie, pour symboliser une renouvellement et un retour à la paix et à l’abondance. Ambassadrice de la paix, elle la personnifiait, mais de manière à être assimilée à la paix elle-même, ses espoirs, son salut, ses vertus. Auguste en faisait une dame qui effacerait toutes les guerres et manigances sanglantes, la cristallisant comme un visage de la paix désirée, que les romains étaient désireux d’atteindre. Elle était emblème donc de leurs aspirations, de leurs consciences souillées de beaucoup de sang. Par elle, ils acquéraient paix d’esprit et accédaient à une image et des idéaux auxquels ils aspiraient tout en ayant du mal à les rencontrer. Un peuple fort et brillant, se réfugiant derrière la superbe et l’aura d’une déesse de paix. Derrière la déesse qui incarnait LA paix.

Le nom même de la déesse était répandu, confondu et utilisé à outrance. Il devient fin de faire la différence et de retracer l’association à la Paix, ou à la Déesse Pax. La référence est souvent à la déesse, ou aux deux à la fois; Paix et Déesse Pax. Plusieurs empereurs romains se sont emparés de son nom, l’associant à leur devise. Comme si cela allait les protéger et les absoudre, qui sait? Peuple fier et conquérant, il croyait sans doute vraiment répandre la paix, en ayant conquis le monde et à le plier à son joug et ses mœurs! Pax était la déesse de ce peuple là, et le symbole de leurs aspirations, peu importe les moyens qu’ils empruntaient. Ainsi que la déesse qui les lavait de leurs mauvaises consciences et qui jouait le rôle de leur bonne conscience.

Sans doute certains l’aimèrent-ils vraiment, mais beaucoup firent usage de son image, sans plus. Ce qui explique qu’elle soit répandue, mais peu connue, déesse de second ordre ayant son nom répandu cependant comme pas un. Emblème, image, symbole, visage des aspirations; elle fut utilisée, mais rarement reconnue et aimée. Son aura était plus prisée, que sa présence elle-même. Pourrait-on résumer cela par « soit belle et tais-toi? » À un certain point, oui, sans doute, mais je laisse cela à chacun et chacune, sachant très bien que tout n’est pas si simple. Que chaque médaille à deux faces, deux revers.

En résumé, elle est une déesse discrète à la présence effacée mais incontournable, ne serait-ce qu’à cause de son nom fort prisé et répandu dans la culture romaine. Pour les romains, elle personnifiait la paix, comme un flambeau de paix. Au fond, elle l’incarne; la paix, c’est Elle. Celle dont on usait du nom pour couvrir la fameuse « paix imposée par l’Empereur de Rome » ne se limitait pas à l’usage qu’en faisaient les hommes; que ce soit usage noble ou non.

Aspect physique et matériel
Il est toujours très drôle de parler d’aspect physique quand on évoque les déités, si immatérielles. Invisibles même si présentes. Pax elle, était décrite par ses adeptes et partisans romains, comme une jeune femme tenant une corne d’abondance dans une main et une branche d’olivier dans l’autre. On lui associait aussi le port d’un sceptre. La fille de Jupiter et Iustitia (Justitia) dit-on, portait la corne d’abondance dans sa main gauche et la branche d’olivier (ou le bâton/sceptre du dieu Hermès, selon certaines versions et représentations d’elle) dans sa main droite. Elle était aussi représentée parfois, brûlant des piles de bras (symbolisant qu’elle s’imposait face à la guerre, qu’elle annihilait et stoppait) ou on la représentait aussi tenant un épis de maïs ou le brandissant au-dessus de sa tête (symbolisant son rôle/sa face de rédemptrice et sauveuse/salvatrice, qui protège, régénère, apaise, nourrie et offre rédemption salvatrice mettant fin aux guerres et famines). Les symboles qui lui sont rattachés et connus, témoignent de son importance en dépit de la petitesse de sa place parmi les déités romaines connues. Elle fut aussi représentée un épis de maïs dans la main gauche et un sceptre dans la main droite.

Culte et temple


Déesse de la Paix, qu’elle offrait aux hommes, elle était aussi associée à la saison du printemps et un festival lui était dédié en date du trois janvier, en son honneur.

On la célèbre aussi le 30 mars, jour de célébration de la bonne entente, de la santé et de la paix. Jour où on la célèbre conjointement avec d’autres dieux parfois.

Son culte fut reconnu sous le règne d’Augustus, qui prisa beaucoup cette déesse et ses attributs. On peut ainsi dire qu’il la mit au goût du jour et qu’il lui offrit sa place parmi les dieux importants, la sortant du rang des « di indigetes ». Il la favorisait pour symboliser un changement de cap et faire oublier guerres et intrigues sanglantes et troubles. Lui vouant néanmoins un sincère attachement, selon certaines sources.

Augustus lui fit érigé un sanctuaire mineur, Ara Pacis (Autel de la Paix ou Autel de la Paix d’Augustus). C’était en l’An 8 du calendrier julien, et l’Ara Pacis était érigé sur le Champ de Mars (Campus Martius).

C’est en 75, que Vespasien, autre empereur romain, soucieux de faire oublier les guerres, voulant asseoir son pouvoir et affiché ses valeurs, lui fera construire un temple, ainsi qu’un forum qui porta son nom. Un temple construit sur le site du « Marché à la Viande ». C’est aussi lui qui fit construire le Forum Pacis (Forum de la Paix), troisième de forums impériaux. Concernant le Temple de la Paix, on dit qu’il avait des dimensions d’environ 34 X 22m et qu’il contenait les trésors récupérés lors de la prise du Temple de Salomon à Jérusalem. On y entreposait aussi des œuvres d’art. Dans le Temple de la Paix se trouvait aussi la Bibliothèque de la Paix, où se trouvaient entreposés les archives de la préfecture urbaine, les plans cadastraux et les divers trésors littéraires rapportés par Vespasien de Jérusalem, ainsi qu’une série de documents concernant les travaux édilitaires réalisés notamment sous Vespasien et Septime Sévère. On y trouvait aussi des travaux célèbres d’artistes grecs (peintres et sculpteurs). On en dit qu’il était aussi riche qu’un musée.

Ce magnifique temple fut détruit par un incendit sous le règne de l’Empereur Commode. Comme le relate Hérodien dans Histoire romaine, livre I : « Le feu prit au temple de la Paix ... C'était un des plus beaux et des plus somptueux édifices de Rome ; il était orné et enrichi d'offrandes d'or et d'argent que la piété de nos ancêtres y avait consacrées. Comme ce lieu était fort sûr, chacun y mettait en dépôt tout ce qu'il avait de plus précieux ; ainsi en une seule nuit le feu ruina un grand nombre de familles, et presque tout le monde, avec le malheur public, eut à pleurer ses pertes particulières. La flamme, après avoir réduit en cendres ce superbe bâtiment, gagna plus loin et brûla plusieurs autres temples. (...) Ainsi l'on crut qu'il n'y avait rien de naturel dans cet accident ; tout le monde disait que les dieux qui avaient fait commencer l'incendie avaient pu seuls en arrêter le cours ; d'autres ajoutaient que la ruine du temple de la Paix était un présage infaillible de quelque guerre dont l'empire était menacé : ce pronostic ne se trouva que trop vrai, comme on le verra dans la suite de cette histoire. »

Les outils de Pax



Il s’agit des outils que cette belle déesse offre aux prêtresses et femmes contemporaines. Pax a deux aspects intéressants avec lesquels travailler ou desquels s’inspirer. Pax est une déesse de la paix issue d’un peuple fort. Comme telle, elle prend en charge et elle est solide. On peut très bien se tourner vers elle, faire appel à elle quand, ne sachant plus « à quel saint de vouer » on est à bout de nerfs, de souffle et de ressource. Quand il est temps, sans renoncer ou baisser les bras, de lâcher-prise. Quand il est temps de laisser agir et de laisser venir les réponses et la paix. C’est pax qui est tout indiquée dans des cas comme ceux-là. Matrone de la Paix, elle se chargera d’accompagner, soutenir et guider, de manière incroyable.

L’autre aspect très fort et intéressant de Pax, est sa force face à la guerre ou à la guerre. Elle brûle littéralement les guerres ou la guerre, pour l’éradiquer et semer la paix fertile ensuite. Elle rase la guerre, la repousse. Elle l’englobe, l’avale, l’assimile et en alchimiste, par le feu sacré, transmute le tout en paix. Elle nous enseigne là quelque chose d’important et peu inspirer plusieurs belles démarches fertiles, positives et constructives. Par le feu, tout est purifié. La colère est un feu, dont on peu sortir plus pure et vraie. Il suffit de ne pas la laisser nous consumer, et d’en garder le contrôle pour qu’elle soit fertile et libératrice. Il faut laisser libre cours à la colère et sans la museler, la contrôler et « guider sa sortie ». C’est un art, et par cet art, on apprend à voir plus clair en soi et en nos colères. Et la maîtresse de cet art menant à la paix intérieure et nulle autre que Pax.

Dans le même esprit, elle est celle qui nous enseigne à se pardonner et à brûler nos culpabilités pour les transformer et atteindre la paix.

Elle est aussi celle qui aide dans une démarche où il faut cesser les conflits qui gonflent et trancher net les sources de conflits et autres guéguerres. Elle est forte, efficace et guide avec patience et précision. Elle ne tergiverse pas, elle est action, tout en visant toujours la paix. La paix en soi, autour de soi et quand on veut la paix. Quand l’on désire la tranquillité d’esprit et que l’on souhaite éloigner les esprits négatifs et les personnalités parasites, elle agit aussi très bien et pour l’intérêt de chacun, mais de manière nette et franche. La coupure est nette et la paix est issue de terre fertile bien nettoyée (feu) des impuretés nécrosantes qui pourrait miner. Miner le moral, miner les rapports.

Elle est très enveloppante, rassurante, rassérénante, que solide, intègre, forte et franche. Elle est paix sereine, sans arrière-pensée, sans négativité. Elle est paix, tout simplement. Elle repousse la guerre et les conflits de soi et les englobe, les brûle, le transforme, nous enseignant sa méthode et sa « médecine » au passage. Elle prend en charge mais donne un exemple puissant dont on peut s’inspirer pour les « prochaines fois ». Elle berce de sérénité, et enseigne le moyen d’y parvenir.

Sa devise et son mantra :

« Dona nobis pacem. »

« Gratifie-nous de la paix. »



Formule ô combien simple, mais efficace. Qui combine la prière, la demande et la révérence.

En conclusion, Pax est une déesse qui mérite d’être connue, et reconnue.




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